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Oracle achète Sun : rappel des faits et premier bilan/analyse

Vous en avez sans doute entendu parler : un nouveau géant de l’informatique est né. Petit récapitulatif et analyse de la situation et des impacts.

Les forces en présence

Sun est une société créée en 1982 et son CA 2007 est de 81 milliards de dollars. On y compte 33000 employés qui participent au développement de quatre produits phares : Solaris, Java, StarOffice et MySQL, acheté il y un an.

Le logo d'Oracle

Le logo d

Oracle est le numéro deux du logiciel d’entreprise et un éditeur surtout connu pour son système de gestion de bases de données. On compte 85000 salariés pour un CA de 22 milliards de dollars.

Pour en savoir plus, je vous renvoie sur Wikipedia : ici et , ainsi que sur ce rapide tableau comparatif.
Si vous ne l’avez pas déjà été, sachez juste que vous serez forcément confronté à l’une des technologies de ces sociétés un jour ou l’autre !

Et c’est hier, le 20 avril 2009, qu’Oracle a annoncé une OPA amicale sur Sun. Montant total ? Environ 7,4 milliards de Dollars (ou plutôt 5,6 milliards compte tenu de la dette, de la trésorerie, …). Une broutille 😉

De la suite dans les idées

Sun Microsystems

Sun Microsystems

Avec cet achat, Oracle poursuit sa politique : intégrer de nouvelles sociétés et technologies complémentaires à son existant. Un chiffre est révélateur : c’est, depuis 2005, plus de 35 milliards qu’a consacré Oracle à des rachats ! Siebel, PeopleSoft ou Hyperion font partie du tableau d’achats. On remarquera la forte diversité des éléments et outils intégrés…
Larry Ellison, le co-fondateur et dirigeant d’Oracle, l’avait annoncé il y a quelques années : il souhaite faire de sa compagnie un groupe incontournable. Ce stade est désormais atteint et l’évolution ne devrait pas s’arrêter là !

Naissance d’un géant !

Avec la prise de contrôle de Sun, Oracle peut se vanter de toucher à tous les éléments de la chaine informatique. C’est assez spectaculaire ! En effet, Oracle sera en mesure de proposer :

  • des serveurs (matériel hardware)
  • un système d’exploitation (Solaris)
  • des bases des données (Oracle et MySQL)
  • des progiciels (en RH, en ERP/CRM, en décisionnel…)
  • un langage de programmation connu et reconnu (Java)
  • et même de la bureautique (Star Office) !

Regardez bien cette liste… Il ne manque finalement qu’un constructeur de machines « personnelles » pour pouvoir être « full Oracle » ! Cette voie va t-elle être suivie par des entreprises ? Il serait alors possible, par exemple, de faire l’impasse sur Microsoft !
Il ne reste plus à Oracle qu’à acheter Dell et… hop 😉 !

Les deux dirigeants de Sun et Oracle

Les deux dirigeants de Sun et Oracle

Au passage, tout le monde craint toujours les monopoles (type Google ou Microsoft). Remarquons ici qu’un « nouvel entrant » relativement imprévu vient faire partie de ce groupe (mais tout cela est un autre débat).
On peut également noter que cet évènement est une concentration de plus au sein d’un marché informatique qui ne cesse de se contracter. On remarque également que plusieurs sociétés disposent (malgré la crise) d’un cash assez impressionnant pour pouvoir lancer ce genre d’opérations !

C’est donc un géant qui vient de naitre. Géant multi-domaine qui plus est.
Selon Olivier Rafal (rédacteur sur lemondeinformatique.fr), Oracle « dépasse IBM en termes de couverture technologique« . Rien de moins !

Pourquoi maintenant ?

Il y a déjà quelques temps que Sun cherche un acheteur. IBM s’est longtemps placé en bonne position : il y a encore quelques jours, bon nombre de personnes pensaient d’ailleurs voir les négociations avec « Big Blue » aboutir ! Et finalement, alors que personne ne s’y attendait vraiment (les discussions n’auraient débutées que jeudi dernier), c’est Oracle qui rafle la mise.

Oracle et Sun ne sont pas inconnus l’un pour l’autre : ils ont une collaboration qui se mesure en années (ces faits sont d’ailleurs rappellés dans le communiqué) et Oracle est un grand utilisateur de Java. Le rapprochement est donc « logique » et on peut noter de nombreuses synergies entre les deux entités.

Autre justification de l’achat : il est fort possible qu’Oracle cherche à se protéger ! Imaginons un achat de Sun par IBM : ce dernier aurait alors dominé le marché du serveur d’entreprise et Java, qu’Oracle utilise beaucoup, serait passé dans les mains d’un sérieux concurrent !

Le logo de Microsoft

Le logo de Microsoft

C’est aussi le bon moment car Microsoft semble un peu perdu, manque peut être de cash et parait parfois lent à réagir en cette période de crise (et a du mal à communiquer et clarifier ses actions). Avec ce rachat, c’est bel et bien Microsoft le grand perdant ! La firme de Redmond se retrouve sous la menace d’un concurrent agressif et ne sera plus la seule à proposer une solution complète.
D’ailleurs, ne sachant que répondre, Steve Ballmer se contente de se dire « surpris » (bah voyons !). La réaction de Microsoft va être plus qu’intéressante à suivre !

Et l’impact pour le décisionnel ?

Bon, sur Cogoobi, on parle aussi décisionnel ! Alors, quel impact ?

Premièrement, une action comme celle-ci renforce Oracle et son image. En proposant un nouveau type d’offre, Oracle se paye une légitimité sur toute la chaine informatique et, on peut le penser, pourra plus facilement introduire ses solutions décisionnelles.

Deuxièmement, c’est toute l’offre qui est revu : avec le matériel, Oracle entre dans un nouvel environnement. On peut s’attendre à une meilleur intégration hardware et une meilleure optimisation.

Ensuite, Solaris et MySQL sont au cœur des impacts. Solaris, car c’est désormais l’OS qui va être mis en avant pour l’installation de bases de données : cela va donc nous impliquer (compétences, coûts, connecteurs). Et MySQL car … c’est plus flou ! Tout va dépendre de ce qu’Oracle souhaite en faire mais il est fort probable que nous y soyons de plus en plus confronté, voir même que cela permette d’accéder à de nouveaux marchés : les sociétés utilisant actuellement cet outil seront démarchées par Oracle, soyez en sûrs !

Enfin, Java car il semble plus qu’évident que c’est le langage qui va être privilégié pour les outils et les connecteurs ! Et pourquoi pas pour les interfaces et certaines requêtes ?

Les questions : MySQL, le hardware, HP, …

La plus grand question concerne MySQL : en faire un produit d’appel ? Une version « low-cost » ? L’éliminer complètement au profit d’Oracle 11g ? Il y a encore peu de pistes sérieuses. Pour ma part, je pense que cet achat n’a pas été réalisé par des « rigolos » et qu’ils ont bien perçus l’intérêt de MySQL ! Les temps changent, je ne serais pas surpris de voir cette base de données conserver un statut « à part » et devenir un produit « entrée de gamme ». A moins que tout ne reste ouvert ?

Autre point : le matériel. Certains pensent que le hardware n’était pas visé par le rachat et qu’il ne devrait pas rester longtemps dans le giron de la société rouge. Cette réflexion me parait étonnante ! Je pense au contraire que c’est un but recherché ! Pouvoir maitriser la chaine complète et toucher Microsoft est tellement évident et c’est d’ailleurs une suite logique après les partenariats avec HP et Fujitsu.

Enfin, les partenaires. Pour certains d’entre eux, tels HP, c’est la douche froide, le flou le plus total. Pour le moment, HP tente de faire bonne figure. Avant d’envisager un rapprochement avec Microsoft ?

Et maintenant ?

Ce n’est que dans quelques mois que la fusion sera effective. D’ici là, peu de choses à attendre, excepté des annonces sur les conditions réelles de la fusion.
Ce n’est qu’au cours de salons ou événements « corporate » que nous pourrons en savoir plus. Oracle n’est pas habitué à sortir des nouvelles versions à tout va, il n’y a pas grand risque que tout soit chamboulé en 4 mois, même si l’évènement est considérable dans le monde de l’informatique.

En attendant, il n’y a donc qu’a observer les réactions et nous faire part de vos analyses et remarques dans les commentaires !

Discussion

2 commentaires pour “Oracle achète Sun : rappel des faits et premier bilan/analyse”

  1. Du coup, ce genre de rachat alimente toutes les rumeurs et les hypothèses les plus diverses.

    Dernière en date, un rapprochement IBM-SAP : http://www.informationweek.com/blog/main/archives/2009/04/is_ibm_looking.html

    Si vous en lisez d’autres, n’hésitez pas à nous les signaler !

    Posté par Thomas Malbaux | avril 25, 2009, 12:27
  2. Le rachat sera peut être plus compliqué que prévu, du moins en Europe.
    En effet, « La Commission européenne a introduit lundi soir une objection formelle au projet d’acquisition de Sun Microsystems par Oracle ».

    Plus d’infos : http://www.neteco.com/310034-europe-introduit-objection-formelle-rachat-sun-oracle.html

    Posté par Thomas Malbaux | novembre 10, 2009, 11:53

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